Suisei n’aimait pas le froid . Et pour la simple et excellente raison qu’elle ne pouvait le ressentir, et que par conséquent, elle ignorait cette sensation de douleur que l’on éprouvait quand on n’était pas assez vêtu… Etant de nature curieuse, elle avait bien entendu essayé de trouver quelques substitutions au froid, mais jamais elle ne retrouvait cela… Depuis qu’elle était déesse, elle avait définitivement perdu ses capteurs de température… Et donc, elle n’aimait plus ça. Elle n’aimait pas le froid. Et pourtant, ce jour là, elle vint en ces lieux glacés, sur une colline enneigée, où de maigres coins d’herbe subsistaient courageusement. Elle ignorait la raison de sa venue, peut être avait-elle sentie une présence intéressante, elle agissait beaucoup par instinct.
Arrivée sur cette colline, la première chose qu’elle vit fut cette silhouette reconnaissable entre milles de la déesse de la guerre. Celle ci semblait contempler le soleil levant, mais son aura dégageait toujours cette impression de puissance prête à exploser que Suisei admirait silencieusement. C’était bien connu, les dieux s’enviaient entre eux, mais se respectaient tout de même. Ils pouvaient se battre, se haïr, mais chacun reconnaissait la puissance des autres en égal … Le reste était une histoire de circonstance.
Après quelques secondes de réflexion, la déesse s’approcha, vêtue cette fois ci d’une jupe longue, rasant presque le sol, et de couleur ténèbres, contrastant avec son haut composé en tout et pour tout d’une sorte de bandage noir lui entourant la poitrine. Le contraste avec sa peau diaphane était alors nettement révélé. Ses bras filiformes étaient gantés, avec ce qu semblait être du cuir, mais avec Suisei, comment savoir ? Elle tenait toujours sa faux de la main gauche, mais se savait ambidextre, aussi parfois la changeait-elle de main, sans s’en formaliser. Arrivée à quelques pas de la déesse de la guerre, dans son dos, elle laissa volontairement son aura se répandre dans l’air, afin de Setsuna puisse la sentir par elle même et la reconnaître. C’aurait été dommage de se faire embrocher et de gâcher ses vêtements juste par mégarde…
« Bonjour ma chère »
Pour une fois, son ton n’était pas trop froid, comparé au lieu où elles se trouvaient. Etrangement, la déesse semblait même heureuse de retrouver sa semblable.